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Tracteurs Steyr Qualité autrichienne

Symbole de l’Autriche de l’après-guerre, le tracteur Steyr participe depuis plus de 70 ans à la mécanisation de l’agriculture. Innovante et synonyme de qualité, cette firme traditionnelle, aujourd’hui intégrée au groupe CNH Industrial, a produit plus de 500 000 tracteurs agricoles et utilitaires divers. Texte : Gilles Blanchet - Photos : GB et archives Steyr

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L’histoire de Steyr trouve ses débuts à… Steyr, une ville située dans le nord de l’Autriche. La marque est fondée autour d’une activité dans les armes à feu, démarrée en 1864. L’entreprise va connaître une croissance rapide, notamment en devenant fournisseur de l’armée. C’est pour cette raison que son logo, fait de cercles concentriques, s’apparente à une cible. Le Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) contraint Steyr à abandonner la fabrication d’armes. L’usine poursuit la production de bicyclettes, une activité entamée en 1894, et se lance dans l’aventure automobile. Le point de départ de la fabrication des tracteurs et des véhicules agricoles se situe en 1934, année où ce qui devenu la firme Steyr Werke fusionne avec Austro-Daimler-Puch Werke pour devenir le groupe Steyr-Daimler-Puch AG.
Pour autant, et pendant une trentaine d’années, Steyr fabriquera aussi des camions, motos, scooters, outils et moteurs fixes. Des produits grâce auxquels la marque connaîtra une forte activité à l’exportation.

En 1941, Steyr étudie déjà des prototypes de tracteurs agricoles à moteur 3,5 litres et V8. Une version routière est aussi disponible.


Le 23 novembre 1946, le prototype du premier tracteur autrichien d’une jeune marque peu connue est présenté, il s’agit du légendaire 26 ch Steyr Type 180. Rapidement, l’entreprise cherche à développer ses exportations, afin de récupérer des devises. Fiat, en Italie, commandait des tracteurs en paiement des automobiles livrées et vendues en Autriche sous la marque Fiat-Steyr. Les tracteurs Steyr furent commercialisés dans le réseau commercial Fiat et en France, via Someca, malgré les limitations d’importations visant à protéger les produits nationaux. Là où les contraintes n’existaient pas, Steyr put prendre pied. Ce fut le cas au Benelux avec l’importateur Auto-Palace et en Amérique du Sud où les agents vendaient déjà les autres véhicules de la marque. La renommée des tracteurs autrichiens prenait alors naissance. La firme va aussi se lancer rapidement dans la construction d’outils agricoles, comme des barres de coupe. Devant le succès des ventes, une seconde usine voit le jour en 1947, à Saint-Valentin, à une vingtaine de kilomètres au nord de Steyr.

En 1949, le type 80 est mis sur le marché. Ce monocylindre destiné aux petites exploitations développe 13 ou 15 ch à 1500 tr/min.


En 1949, le type 80 est mis sur le marché. Il s’agit un tracteur monocylindre, destiné aux petites exploitations. Il développait 13 ch à 1500 tours/min, puis évoluera en 15 ch. Jusqu’en 1964, plus de 45 000 exemplaires seront produits.
Dès 1950, les tracteurs Steyr sont équipés d’un système de relevage hydraulique. Année après année, les tracteurs de la marque deviennent plus modernes et acquièrent une certaine renommée.

Inspiré par les row-crop américains, Steyr fit quelques tentatives sur la base du 180.

La demande évoluant vers des engins de plus forte puissance, Steyr développe son moteur 4 cylindres W 423 et en équipe le Steyr 280. Avec ses 60 ch, il pouvait se poser en concurrent des marques américaines.
Des modèles spécifiques pour l’exportation (peints en rouge Steyr), comme les types 84 et 182 (18 et 36 ch), firent beaucoup pour l’image du constructeur. Steyr développe aussi un moteur trois cylindres et en équipe ses modèles 185 et 185 A (45 et 55 ch).

Premiers pas d’une grande marque pour ce 180 A avec barre de coupe. Particulièrement trapu, il fut désigné sous l’appellation « petit capot ».


En 1955, la jeune République autrichienne prend le contrôle du site de Saint-Valentin. Suivent des années de croissance continue pour faire face à la demande du marché. En 1957, l’Autriche compte près de 79 000 tracteurs au travail dans les fermes. Il y en aura 147 000 cinq ans plus tard.

T 188 diesel bicylindre de 28 ch.

Steyr diversifie sa production de machines agricoles. Ses remorques autochargeuses Hamster, produites à partir de 1963, seront ainsi diffusées à 64 000 exemplaires. L’usine se lance aussi dans la fabrication de ses propres chargeurs frontaux, une activité qui était auparavant confiée à un sous-traitant.

Un outil légendaire dans une période de prospérité : la remorque autochargeuse Steyr Hamster, lancée en 1963 et fabriquée à St Valentin à 64 000 exemplaires.

En 1964, démarre la production du tracteur 190 (32 ch), décliné à partir de 1965 en version étroite 190 s. C’est avec ce tracteur que Steyr va arriver sur le marché des tracteurs à quatre roues motrices. Ces versions connaîtront une diffusion importante dans les zones de montagnes.

Pour s’adapter aux goûts de l’époque la série Plus (1966-1981) reçoit un capot angulaire et une cabine. Ici le modèle de base de 32 ch.

32, 40 ou 52 ch, la série Plus lancée à la Foire de Vienne 1967, s’élargira l’année suivante en 70 et 90 ch.

A la Foire de Vienne en 1967, le constructeur lance sa Série Plus, qui adopte les couleurs rouge et blanc (les couleurs du drapeau de l’Autriche) et une motorisation à injection directe. La série compte trois modèles : Steyr 30 (32ch), 40 (40 ch) et 50 (52 ch). Pour la première fois, la marque peut livrer ses tracteurs équipés d’une cabine. Suivront les Steyr 70 (70 ch) et 90 (90 ch). En 1971, la série Plus est complétée par le modèle 760 (60 ch). 33 000 exemplaires de ce tracteur universel seront produits. Le 760 sera aussi le premier tracteur de la marque à recevoir une transmission Powershift.
Les accords de coopération se multiplient, notamment avec la Hongrie. Une licence pour la construction des remorques autochargeuses est signée avec la firme Hodgep. Steyr va aussi fournir des moteurs au tractoriste Dutra.
Au début des année 70, Steyr se positionne sur le créneau des tracteurs à forte puissance. La marque adopte un six-cylindres qui a déjà fait ses preuves sur les camions : le 6,6 l WD 612, équipé d’un turbo et développant entre 120 et 160 ch.
Steyr signe de nouveaux accords. Le projet « Steyr Hellas » (1973) porte sur la livraison à la Grèce de tracteurs et autres produits de la Steyr-Daimler-Puch AG. Steyr pose aussi un pied en Turquie avec la livraison de 1000 tracteurs et la signature, en 1977, d’un accord de fabrication avec la firme turque Donatim qui se poursuivra jusqu’en 1995 et portera sur la production locale de 60 000 tracteurs.

Dernier modèle deux cylindres de la firme, le 430 (1966-1976) était destiné aux pays de montagne (avec une version étroite) et développait 32 ch.

Avec l’arrivée de la série 80, Steyr améliore le confort de conduite et l’aménagement de la cabine (chauffage, climatisation), d’abord sur les modèles 8060, 8070 puis 8090, 8100/8110, une gamme s’échelonnant de 48 à 130 ch.

Dans la gamme 80 (1977-1996) on trouve le 8160A, équipé du 6 cylindres de 6,6 litres développant 140 ch et le 8170, de 152 ch.

Les années 80 vont donner naissance à d’impressionnantes machines de travail, dotées de technologies d’avant-garde en termes de transmission sur les quatre roues, de freinage, d’asservissement électronique du relevage. Steyr développe aussi une gamme spécifique à voie étroite, pour les vignes et vergers.

Un porte-outils 83 Tk de 1984 dans un domaine qu’il affectionne, équipé d’une fraise à neige dans les Alpes autrichiennes.

Le début des années 90 marque une période de restructuration chez Steyr-Daimler-Puch. La division « machines agricoles et tracteurs » devient une entité spécifique, qui n’intègre plus la fabrication des moteurs. Steyr va alors se tourner vers l’allemand MWM pour équiper ses nouvelles séries 900, puis 9000, lancées respectivement en 1992 et 1993.

Le Steyr Puch Haflinger est un véhicule tout terrain léger produit entre 1959 et 1974, moteur bicylindre 650 cm3, 5 vitesses. Il a été conçu au départ pour les armées suisse et autrichienne puis il a été décliné en version civile.

Après la réorganisation en plusieurs divisions, le conglomérat Steyr-Daimler-Puch est vendu par appartements. Case Corporation s’empare de Steyr en 1996, puis fusionne avec New Holland en 1999 pour former CNH Global, qui deviendra plus tard CNH Industrial. L’usine de Saint-Valentin fabrique différentes gammes de tracteurs Case IH, mais poursuit néanmoins la production de Steyr. Le 500 000e tracteur Steyr va ainsi sortir de la chaîne en 2005. Progressivement, la marque ne va plus être commercialisée que dans quelques pays. CNH Industrial continue néanmoins d’investir et donne à Steyr une image de tracteurs de haute technologie. La marque a d’ailleurs été retenue en 2019 pour un prototype de tracteur hybride, qui allie moteur à combustion, générateur et moteurs électriques. Qualité, confort, modernité et souvent avant-garde accompagneront encore longtemps la marque dans le futur.

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